mardi 22 octobre 2013

CONFERENCE 21 SEPTEMBRE 2013 "SAINT-SEINE-SUR-VINGEANNE ET SES ENVIRONS,1000 ANS D'HISTOIRE

Chère Daniela,

Je te livre ces quelques réflexions sur cette conférence. N'y vois que le désir de chasser seulement ces nuages qui cachaient un brillant soleil.
Parce que constructif, tu as l'intelligence de solliciter ce regard critique de tes auditeurs, ce qui t'honore.
Avec le recul du temps, je te propose donc de lire mes observations sur cette présentation de « Mille ans d'histoire de Saint-Seine-sur-Vingeanne et de ses environs ».
Je le fais à partir de mon acquis et de mes attentes de participant en suivant ce plan binaire et peu original de commencer par la surface pour finir par le fond.


Ainsi la forme souffrait de :
- L'impréparation d'une conférence faite à deux voix. Le sujet clivait dangeureusement la séance en deux parties séparées. Il s'agissait en fait de deux sujets mis bout à bout: Saint-Seine de 1000 à 1850 et Saint-Seine de 1850 à 1950. Du coup, les deux conférenciers se suivaient sans vraiment s'accorder et ne semblaient s'être alliés que pour des raisons matérielles : l'un parlait pendant que l'autre passait les photos qui servaient de support. Le même sujet traité de façon thématique avec des interventions plus courtes des deux intervenants aurait été plus vivant agréable à suivre. 
- L'absence de chronométrage. Dans ce lieu, une église, plus adaptée à suivre un culte où l'on alterne les positions, debout, assis, voire à genoux  pour certains, qu'à écouter un exposé où l'on s'assied : chronométrage, précision du rôle de chacun, prise en compte des lieux et des moyens mis en place pour les conférenciers mais aussi pour les auditeurs ont paru quelque peu négligés. Rester plus d'une heure dans une église représente déjà un effort pour la plupart des personnes. Les maintenir assis pendant plus de trois heures sur ces vieux bancs de bois au dossier aussi raide que dur, avec une sono dépassée et un éclairage approximatif ne pouvait être que douloureusement ressenti et pousser les gens vers la porte avant la fin.
-la nécessité de s'intéresser à la nature du public attendu à partir des invitations lancées : ne pas sous-estimer le niveau de connaissance des auditeurs.Parmi les participants, quelques-uns avaient une solide érudition et ne pouvaient se satisfaire d'un certain amateurisme.
-l'absence de plan (qui aurait même gagné à être affiché). Le plan d'un exposé est un peu l'horloge de la salle de conférence où l'on voit les aiguilles avancer sur le cadran des idées. Or elle manquait beaucoup ce soir-là. Les deux parties ont été traitées en faisant un peu errer les auditeurs sur des pistes qui n'indiquaient pas leur destination. Et les participants qui ne disposaient ni de points de repère ni de notion de durée, après deux heures d'écoute, ne sachant quand cela allait s'achever, quand de surcroît il était souvent annoncé, à une heure déjà avancée, que la question serait abordée plus tard, finissaient par quitter les bancs par lassitude.
Enfin, puisque, dit-on, ''le diable est souvent dans les détails'', mieux vaut les regarder de près. Ce lieu choisi pour cette soirée, l'église, et le titre retenu de ''conférence'' réclamaient peut-être un peu plus de rigueur de la part des intervenants. Pour ''lui'', conférant dans le chœur, il aurait gagné une certaine prestance en évitant d'enfoncer les deux mains dans les poches de son jeans et pour ''elle'', de prendre le soin de vérifier la bonne disposition de ses diapositives dans le projecteur dont plusieurs passaient dans le mauvais sens.
 
Dans ces conditions, il était difficile d'atteindre le fond de la conférence. En effet la présentation suivie par les intervenants ne mettait pas en valeur l'articulation de cette histoire. Celle-ci donnait lieu à une succession de faits mis bout à bout, sans ordre particulier, avec quelques échappées vers des zooms mal introduits, et ne réussissait pas à dégager des idées fortes pour expliquer la marche de l'histoire. Comme on l'a évoqué dans la forme, l'énoncé d'un plan structure la pensée du conférencier et donne un guide à l'auditeur. Il a fait cruellement défaut dans cette présentation du 21 septembre 2013.

Ainsi, pour le conférencier qui ouvrait la causerie, le lieu retenu de l'église donnait inévitablement une dimension religieuse à la soirée en mettant en avant la culture chrétienne (sinon de l'Europe, qui nous dépasse ...) au moins de cette partie de la vallée de la Vingeanne. Cet aspect-là a été bien perçu. La ''règle'' qui s'imposait au ''siècle'' explique l'engagement de l'église, en l'occurrence de son abbaye de proximité dans toutes les dimensions de la vie, y compris économique. Et cette région de la Vingeanne n'a pas échappé à la règle, c'est le cas de le dire ! Ces allers et retours de Bèze à Saint-Seine se justifiaient parfaitement.
On peut regretter cependant qu'ils n'aient pu davantage servir de fil rouge au déroulement de cette histoire qui s'étalait de façon un peu confuse avec des développements inattendus et un certain laxisme historique qui, par exemple, pour Gallas et les Impériaux, passait mal. Cet épisode qui dévasta la région en 1636 fait partie des fondamentaux historiques de cette région tout particulièrement et ne souffrait aucune approximation qui, du coup, discrédita quelque peu l'intervenant.
La plupart des régions françaises s'accrochaient à cette structure locale, l'une des seules alors existant à cette époque qui obligea progressivement les ''abbés'' à assumer leur rôle économique et militaire en faisant passer les abbayes au rang de forteresses. J'aurais davantage insisté sur ce rôle des abbayes surtout dans l'histoire locale marquée par la pénétration des envahisseurs puis par le pouvoir d'un duc ou d'un roi avant d'être engagée elle-aussi dans les guerres de religion, de s'adapter aux ambitions de Louis XIV et d'être ensuite éclairée par les Lumières du XVIII° siècle, de disparaître dans les ténèbres de la Révolution pour renaître dans les vapeurs de la révolution industrielle du XIX° siècle, de devoir enfin réserver un espace, comme sur toutes les places des villages de France, à un monument aux morts élevé en hommage à nos combattants tombés sur le champ d'honneur des deux guerres mondiales du XX° siècle.
 
La conférencière
Comme pour le conférencier, la structure d'un plan bien établi faisait défaut et fragilisait la qualité de l'exposé qui n'a finalement fait apparaître que l'enchaînement sans fin de diapositives présentées dans un ordre dispersé sans établir de lien entre les différents sujets abordés et avec des commentaires qui ne rassasiaient pas les participants.
Il s'agissait pour toi, Daniela, d'exposer la vie sociale de 1850 à 1950 et je pense que la principale erreur a été de trop t'appuyer sur le moyen des diapositives, et d'occulter, par manque de temps et de synthèse, précisément ce que tu voulais démontrer. Le sujet était très intéressant et se serait enrichi de prendre appui sur un plan, partant de la vie dans cette vallée française à l'époque de la première révolution industrielle à celle des premiers signes de la révolution post industrielle. Ainsi, la confrontation de quelques cartes de café bien choisies, et en nombre très limité, ou celle de la mercerie ou encore celle des photos de groupe par exemple attestant la vie sociale du village en 1850 et quelques photos ou cartes des mêmes lieux, cent ans plus tard, auraient été plus imagées, plus parlantes et plus convaincantes.


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